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Karen Dorion-Coupal

 

Tous les chemins mènent à l’art lorsqu’on en fait le choix. C’est mon cas depuis l’enfance. Peut-être parce que le monde défile devant mes yeux depuis ma naissance; mes parents sont d’insatiables voyageurs.

 

Quant à mes grands-parents, ils m’y encourageaient autant. Olga était ballerine et Juliette peintre à ses heures. Noël aimait la littérature et Fernand, les beaux objets fabriqués de leurs mains par des artisans.

 

Bref, j’ai grandi entourée de tableaux, d’instruments de musique et d’objets insolites rapportés d’une bonne cinquantaine de pays. J’exagère peut-être… Disons trente.  Ces objets, je les ai aimés, observés et dessinés, m'éloignant peu à peu du réel pour réinventer mon rapport aux choses. Sur les murs de chez moi, deux peintres ont surtout attiré mon attention : Norval Morrisseau et Jesus de Vilallonga. Le premier, amérindien, peignait des femmes en larmes qui nourrissent des oursons. Le second, catalan, avait fait un sacré beau portrait de ma mère qui rappelait les Picasso de la période bleue, en plus ocre, pâteux et mystérieux.

 

Au cégep, même si j’étudiais les sciences pour entrer en architecture, j’ai suivi un cours d’organisation picturale dans la foulée des ateliers de dessin d'observation suivis au Musée du Québec en 1974-1975. J'ai bien aimé peindre une femme qui regarde par la fenêtre un homme sur la plage qui regarde une autre femme marcher vers lui... Ça bougeait, même en deux dimensions. J’ai eu envie de poursuivre.

 

L’architecture m’a présenté un tas de créateurs inspirants : Lloyd Right, Aalto, Le Corbusier... Pendant un été en République dominicaine, j’ai pris plaisir à étudier l'habitat vernaculaire, à documenter la maison paysanne, l’architecture coloniale, la forêt tropicale, les prises des pêcheurs sur la plage, les chevaux, les ânes, les manguiers.

 

Puis, après dix ans de pratique autodidacte, je me suis pointée à l’Académie des beaux-arts Silvia Araya, où j’ai appris à esquisser des modèles vivants et à reproduire des tableaux de maîtres, à l’huile, au pastel sec, à l’aquarelle. Silvia était géniale. Elle encourageait ses élèves avec rigueur et ne se lassait pas de nous présenter les plus grands avec ferveur et humilité. Je la remercie pour ce bain stimulant et la bourse d’études qu'elle m'a accordée pendant cette année 1985. Il en a résulté une exposition, organisée sous le coup de l’amitié, avec une compagne d'atelier, Michèle Lefebvre.

 

Juste avant, ce sont mes études d’anthropologie et de portugais qui m’ont amenée à passer un été à Lisbonne grâce à une bourse de l’Institut de langue et de culture portugaises. J’ai parcouru le pays en autobus avec des profs d'histoire de l'art et découvert au musée Calouxte-Gulbenkian l’artiste multitalentueux José de Almada Negreiros. Grande joie!

 

Après une jachère de quelques décennies ponctuée de quatre naissances, d’une maîtrise en anthropologie et d’une carrière en traduction toujours en cours, je viens de reprendre mes pastels et mes pinceaux auprès de Tanya Morand qui m’a accueillie dans ses ateliers de modèle vivant en 2011. Sa musique transporte et ses modèles fascinent. Quand je m’installe dans sa grande salle devant mon chevalet, je repense à tous ces peintres qui m'ont interpellée dans mes visites de musées : Van Gogh, della Francesca, Picasso, Goya, Chagall, Matisse, Munch, Roublov, Kahlo, Lora, Ribera… Heureusement qu’il y a plus grand que soi : la toile en perd ses dimensions. On est ailleurs.

 

Les dessins et pastels qu’a choisis Florent reflètent le parti de sa galerie de s’ouvrir à la diversité du monde, tout en rendant hommage à la fois aux modèles qui s’offrent généreusement au regard des artistes et aux maîtres inspirants et dévoués qui les encadrent. Ils ont été réalisés en 1985, sous la houlette de Silvia.

 

Québec, 2 avril 2012

Oeuvres exposées à la  galerie d'art 

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